L’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs (Ensad) présente le résultat d’un travail pédagogique qui a rassemblé des élèves de différents secteurs (Design graphique/Multimédia, Design objet, Image imprimée), en collaboration avec des élèves de l’Ecole normale supérieure de la rue d’Ulm (ENS), autour de la question du processus de création.
L’objectif du « studio événement » fut de concevoir et de préparer une manifestation publique à valeur didactique ayant pour ambition de poser la question de la valeur matricielle dans un processus de création. Les élèves ont eu pour enjeu d’analyser les contraintes liées à un tel exercice, qu’elles soient d’ordre conceptuel, esthétique, technique, méthodologique, relationnel. Le développement des projets s’est appuyé sur le croisement et l’intégration des démarches artistiques, littéraires, philosophiques et scientifiques. Au travail d’analyse des élèves s’est ajoutée l’intervention de personnalités telles que : Anne Malherbe, historienne et critique d’art, Bruno Robert, biophysicien (C.E.A), et Bernard Schira, scénariste (Ensad).
La présentation évènementielle, point final tant attendu de cette expérience en temps réel, est accueilli au VIA, les 7 et 8 juillet 2007.
Le projet global
« La création est soif d’idéal : beauté idéale, communication idéale avec le public, présence idéale de l’objet au monde dans le design, idéal porté en lui par le créateur et qu’il cherche à mettre au monde, idéal du moi que le créateur jette au monde et exhibe, à travers fictions et dissimulations.
Mise en forme d’un idéal connu ou inconnu de l’artiste, tel pourrait être grossièrement défini tout processus de création.
Chercher à voir cet idéal relève d’une gageure : comment montrer l’origine ? Comment montrer ce dont la réalisation est justement ce qui pose problème à l’artiste ?
C’est pourquoi ce projet s’intéresse à la matrice. La matrice est déjà une forme, quand l’idéal ne se représente pas ; la matrice est le schème par lequel l’idéal vient au monde. Ensemble des processus et approches par lesquels le créateur réalise son œuvre, elle peut aussi apparaître comme les conditions et structures qui rendent l’œuvre possible et imposent l’esquisse d’une première forme, ou comme cette forme sensible et imaginaire, rêvée, que le créateur donne à l’idéal ».
Les projets
« La Nuit féconde », Marienka Baude, Ensad et Anaïs Goudmand, ENS-Ulm
Créer dans le noir et la nuit, extraire formes, idées, images de l’obscur, faire du sombre une matrice – cette fécondité inquiétante de la nuit habite une chambre noire phosphorescente.
« La Matrice-schème », Jennifer Bongibault et Alice Pichelin, Ensad
Si la matrice est le schème d’une création, lui faire subir un processus de déformation permet de tester sa limite. Diminuer et agrandir à l’infini un cube-matrice permet de tester l’expansion de celle-ci et le passage d’une forme à une autre.
« Critique flottante » , Emilie Bouvard, ENS-Ulm
Les entretiens conduits avec chacun des acteurs du projet, mélangent journalisme, psychanalyse et sociologie, pour faire advenir dans le discours, leurs matrices personnelles.
« Mémoires d’ordinateur » , David Dahan, Ensad
L’Antiquité avait célébré la force génératrice de la mémoire, trésor d’images. Cette capacité créatrice est retrouvée ici dans les arborescences de la mémoire informatique.
« Matrice et reproductibilité » , Prudence Dudan, Ensad
Interrogation aussi sur la limite, ici celle de la vitalité d’une matrice par la conception et la production d’une ligne graphique qui engage le projet éditorial et la signalétique de l’événement.
« Hypothèses pour l’histoire d’une fascination », Claire Gheerardyn, ENS-Ulm
Proposition d’articles réunis en un essai qui interroge l’immensité du champ conceptuel et culturel traversé par la notion de matrice.
« Matrice et civilisation » , Milène Guermont, Ensad
Association de deux matrices fondamentales de l’imaginaire mythique et culturel : la mer et la Cène.
Pilotage pédagogique : Marc Thébault (ENSAD)
Invités : Anne Malherbe, historienne et critique d’art, Bruno Robert, biophysicien (C.E.A) et Bernard Schira, scénariste (Ensad).
Visuels sur demande